Quelques acteurs sociaux congolais ont procédé à évaluation de l’Accord cadre d’Addis Abeba pour tenter de ramener une paix durable dans la région des Grands Lacs. L’idée est louable dans la mesure où cela témoigne de l’intérêt des acteurs sociaux pour une cohabitation pacifique des peuples de la sous-région et par ricochet le développement de cette partie de l’Afrique.
En leur qualité « d’anges gardiens » des différents secteurs de la vie nationale, ils ont tout de même noté les avancées réalisées par le gouvernement congolais dans l’exécution des mesures prises pour l’application dudit accord et les couacs qui grippent quelque peu ce processus. Ils ont envisagé de ficeler leur cahier de charges où ils vont probablement dire de manière détaillée ce qu’ils proposent comme solutions pour voir les choses aller de l’avant.
Mais à regarder les choses de près, on est en droit d’affirmer que la séance d’évaluation et de sensibilisation d’hier lundi est un travail incomplet, dans la mesure où cet accord engage plusieurs parties, à savoir, Kinshasa, Kigali, Kampala…
En clair, l’évaluation et la sensibilisation faite par les acteurs sociaux devrait inclure d’autres parties prenantes dudit accord, à savoir, d’autres pays des Grands Lacs. En effet, les acteurs sociaux devraient relever les engagements pris séparément par les autres pays de la région des Grands Lacs et dire clairement ce qu’ils ont fait jusqu’ici et pourquoi ils n’ont pas rempli toutes leurs obligations. S’ils avaient adopté ce schéma, ils allaient demander aux autres parties d’être réellement conséquentes tout en demandant à Kinshasa d’interpeller à son tour ses voisins sur les couacs relevés de leurs côtés. En procédant de la sorte, ils vont contribuer à leur manière au retour dans les paix durable dans les Grands Lacs.
Dans le lot des résolutions arrêtées au terme de ce sommet, il a été demandé par exemple à Kinshasa d’accélérer la réforme institutionnelle et celle de l’armée, de songer à rapatrier les Congolais ayant fui les violences, d’accorder une attention particulière à ces contrées dévastées par la guerre, à indemniser les personnes touchées par les hostilités, d’accorder l’amnistie aux potentiels bénéficiaires… et au Rwanda et à l’Ouganda de ne plus prêter main-forte aux forces négatives capables de déstabiliser la RDC et vice versa, de ne pas interférer dans les problèmes internes des Etats, de ne plus abriter les forces négatives pouvant déstabiliser la RDC, de promouvoir la coopération et le développement régional…..
Jusqu’ici, Kinshasa a rempli plusieurs obligations qui lui ont été assignées.
Kigali et Kampala sont-ils effectivement prêts à cesser définitivement leur soutien aux forces négatives ? Les Congolais sont dubitatifs, dans la mesure où Kigali et Kampala continuent d’abriter des seigneurs de guerre ayant causé désolation en RDC. Il est souvent fait état des incursions des militaires rwandais en RDC et du pillage des ressources naturelles. Kigali est-il en mesure d’organiser un dialogue interrwandais et permettre ainsi aux opposants de regagner leur pays et d’y travailler en toute quiétude ? Jusqu’ici, Kagame s’y oppose. Les FDLR, on le sait, sont devenues le fonds de commerce des décideurs politiques rwandais qui s’opposent à leur retour dans leur patrie.
La traque des opposants rwandais exilés en Afrique du Sud et qui a même abouti à la mort de Karegeya de même que les propos sans équivoque du président rwandais sur le sort réservé aux « traîtres » en dit long sur la réelle volonté de Kigali de démocratiser effectivement. Le Rwanda et l’Ouganda ont réussi à éloigner de leurs frontières la LRA, les Adf Nalu, les FDLR…..
Comme on le voit, Kinshasa a un gros travail à faire et il est dommage que des pressions soient exercées seulement sur les autorités politiques congolaises. Les Congolais seraient contents de voir les européens et les occidentaux accentuer les pressions sur Kigali et Kampala et les amener à respecter de manière effective les engagements pris en ce qui concerne l’Accord cadre d’Addis Abeba.
Jean- Pierre Nkutu
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